Le niveau des élèves gabonais baisse depuis plus de dix ans et va encore baisser. Dans les couloirs du ministère de l’Éducation nationale, les spécialistes de l’éducation ne parlent que de cette dégringolade annoncée. Le Gabon perdrait plusieurs places à l’occasion du prochain classement international Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves). L’étude sera tenue secrète jusqu’en décembre prochain mais une partie des remontées statistiques est déjà connue.
En 2022, les résultats escomptés pour la session post-Covid du BEPC n’ont pas été atteints. De 79,39% en 2021, cette année, le taux de réussite s’est établi à 68,96%. Mais il ne s’agit pas de la seule mauvaise nouvelle. Selon les chiffres communiqués par la direction générale des Examens et Concours, les 22 863 candidats déclarés admis au terme de cet examen ne sont parvenus à porter la moyenne nationale qu’à 10,66/20.
Les représentants de la direction générale des Examens et Concours (DGEC) sont également très critiques, fustigeant un système qui «laisse s’engouffrer dans le supérieur des bataillons de jeunes qui y échouent». Et s’interrogent sur «la catastrophe à venir» en matière de vivier en classes préparatoires. En première année d’enseignement supérieur, «deux tiers des jeunes ne savent pas prendre de notes», affirme régulièrement le recteur de l’Université Omar Bongo.
Les aptitudes des étudiants inscrits en classes préparatoires, pourtant très sélectionnés, ont baissé. Nombreux sont ceux qui ne sont pas capables de rédiger une dissertation: «C’est une catastrophe», insiste-t-il. La désaffection pour les filières scientifiques l’inquiète. De même que le taux élevé d’abandon en première année d’études supérieures.
On parle souvent de l’université sur ce point mais certaines écoles accusent 20 à 30 % d’échec… La préoccupation de la DGEC est d’autant plus grande que le niveau d’exigence internationale et le niveau tout court s’élèvent dans l’enseignement supérieur. «Il faut réaliser que les bacheliers qui entreront l’an prochain dans une école d’ingénieurs devront atteindre en cinq ans un niveau bien supérieur au niveau actuel», remarque-t-il.