Mesdames et Messieurs de la presse, comme vous le savez tous, sans doute, Michel Menga a tenu samedi dernier une conférence de presse au cours de laquelle il a distillé un certain nombre de contre-vérités. C’est pour rétablir la vérité et dissiper la confusion volontairement entretenue autour du différend qui nous oppose que nous avons organisé la présente rencontre et vous remercions de votre présence.
I-Historique
- Le 9 juillet 2017 : le Front pour l’Unité Nationale et le Développement Utilitaire (le FUNDU) du président Noel Borobo Epembia organise un Congrès extraordinaire de changement de dénomination pour devenir, le Rassemblement Héritage et Modernité (RHM), de son logo, de sa devise, de ses organes dirigeants et avec comme président le Professeur Alexandre Barro Chambrier.
- Le 20 juillet 2017 : une notification pour information des actes de ce congrès extraordinaire est faite au ministère de l’Intérieur, conformément à l’article 23 de la loi n°6/2011 du 14 février 2012 modifiant la loi n°24/96 du 6 juin 1996 relative aux partis politiques.
- Le 22 aout 2017 : le ministère de l’Intérieur délivre, conformément aux dispositions des articles 33, 34, 35 et 36 de la loi N°16/2011 du 14 février 2012 portant modification de la loi N°24/96 du 6 juin 1996 relative aux partis politiques, un récépissé définitif de changement de dénomination du FUNDU devenu RHM. Soit 32 jours après la notification.
- Le 4 mai 2018 : Entrée au gouvernement de Michel Menga, en qualité de ministre d’Etat, Ministre de l’Habitat, l’Urbanisme et du Cadre de vie.
- Le 30 mai 2018 : une Commission de discipline ayant prononcé la suspension de Michel Menga de ses fonctions de secrétaire général du RHM est tenue, conformément aux articles 125 et 132 des statuts du RHM.
- Les 5,6 et 7 avril 2019 : le Rassemblement Héritage et Modernité (RHM) tient un Congrès extraordinaire consacrant le changement de sa dénomination en Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), de son logo, de sa devise et de ses organes dirigeants.
- Le 15 avril 2019 : une notification pour information des actes du congrès extraordinaire est faite au ministère de l’Intérieur, conformément à l’article 23 de la loi n°6/2011 du 14 février 2012 modifiant la loi n°24/96 du 6 juin 1996 relative aux partis politiques.
- Le 23 décembre 2020 : le Ministère de l’Intérieur délivre un récépissé de dépôt du dossier complet des actes du congrès extraordinaire du changement de dénomination de RHM en RPM, de son logo, de sa devise et de ses organes dirigeants, soit 18 mois après la notification.
- Le 3 janvier 2021 : un prétendu congrès de clarification du RHM est organisé par Michel Menga
- Le 16 mars 2021 : une requête en référé d’heure à heure aux fins de cessation de troubles conformément l’article 438 du code de procédure civil est déposée.
- Le 16 avril 2021 : le juge des référés rend une ordonnance.
II- Procès en cessation de troubles
Michel Menga a prétendu qu’à la suite de l’ordonnance du juge des référés du 16 avril 2021, je cite : « les choses sont désormais claires, le RPM n’a aucune existence juridique et ne saurait donc être présidé par quiconque » et d’ajouter, je cite encore : « la décision du juge des référés atteste bel et bien l’existence du RHM dont je suis le Président statutaire ». Fin de citation.
Sur la soi-disante clarté, il nous faut tout de suite préciser que par son dispositif, l’ordonnance du 16 avril est loin de clore les débats.
D’abord parce qu’il s’agit d’une décision en 1ère instance, susceptible d’appel et comme la loi nous y autorise, nous avons dès, le 19 avril, interjeté appel et nous verrons bien ce que dira le juge en 2ème instance.
Ensuite, nous avons saisi le juge des référés pour qu’il ordonne la cessation des troubles que Michel Menga occasionne par ses déclarations et ses ultimatums. Notre requête ne portait pas sur le fond, c’est-à-dire, sur le problème de l’existence juridique du RPM ou sur celui de la légitimité à la tête du RHM. Ces questions feront l’objet, le moment venu, de recours devant les instances judiciaires et administratives compétentes qui devront juger au fond. Comme vous le voyez donc, rien n’est encore définitivement tranché, et le triomphalisme de notre protagoniste est quelque peu prématuré.
Enfin Michel Menga a affirmé, sans en apporter la preuve, que la décision du juge des référés atteste qu’il est le Président statutaire du RHM. En effet, cette affirmation n’apparait nulle part dans l’ordonnance du juge des référés. Il s’agit purement et simplement d’une affabulation destinée à tromper l’opinion.
Par ailleurs, le Congrès du 3 janvier 2021 auquel il fait référence a été convoqué en violation des statuts et règlement du RHM qui disposent en son article 11 alinéa1 des statuts, que le Congrès se tient tous les 5 ans. Le dernier congrès ordinaire s’étant tenu en 2017, le prochain devrait tenir ses assises en 2022, sauf s’il s’agit d’un congrès extraordinaire. Dans ce cas l’article 11 alinéa 2 des statuts stipule que le Congrès est convoqué à l’initiative du Bureau Politique, ou à l’initiative concertée du Président et du Secrétariat Exécutif. Or, Michel Menga, faut-il le rappeler, avait été, en mai 2018, à la suite de son entrée au Gouvernement, suspendu de ses fonctions de Secrétaire Général, en application de l’article 132 des statuts. On peut dès lors se demander sur quelle base et en quelle qualité pouvait-il convoquer un congrès ? Était-il déjà président avant même la tenue de son fameux congrès ? Qui sont les membres du Bureau Politique qui auraient pris l’initiative de cette convocation et qui sont les membres du Secrétariat Exécutif avec lesquels il se serait concerté puisque ces organes ont été, d’après Menga lui-même, mis en place au sortir de son fameux congrès du 3 janvier 2021.
- Michel Menga a affirmé sans sourciller que la loi au Gabon interdit à un parti politique ayant des élus de changer de dénomination. Il a eu du mal à donner les références de ce texte, parce qu’il n’existe pas, et c’est vraiment ahurissant de voir un soi-disant président d’un parti politique, qui plus est membre du gouvernement, étaler ainsi sur la place publique sa méconnaissance des textes et surtout de la loi sur les partis politiques. Lui qui avait été secrétaire général adjoint du PDG.
Ce qu’il ignore c’est que la loi sur les partis politiques, dans son chapitre troisième qui traite des principes généraux de fonctionnement des partis politiques, c’est-à-dire des formations politiques qui existent déjà, en son article 23, leur reconnait le droit de procéder à des modifications majeures de leurs structures ou de leurs programmes à savoir : statuts, règlements intérieurs, sièges, dénominations, logos, emblèmes ou organes dirigeants à condition de notifier ces changements, pour information, aux services compétents du ministère de l’intérieur dans un délai de 15 jours, à compter de la date desdits changements. Cette notification donne lieu à la délivrance d’un récépissé. C’est ce que nous avons fait. Il est vrai que l’imbroglio dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui a été délibérément créé par le ministère de l’intérieur qui a obstinément refusé de délivrer au RPM le récépissé prévu par loi alors que les actes du congrès extraordinaire du RHM qui a procédé aux modifications dont le changement de dénomination et autres lui ont été communiqués dans les délais prescrits. Il a fallu attendre le 23 décembre 2020 soit un an et huit mois après la notification des changements pour qu’il délivre un récépissé de dépôt, document non prévu par l’article 23 de la loi sur les partis qui concerne le régime de mutation des partis et non celui de leur création qui lui est régi par les articles 9 et suivants de ladite loi, lesquels mentionnent expressément le récépissé de dépôt et le récépissé définitif de déclaration.
Comme par hasard, le 3 janvier 2021, Michel Menga réunit son congrès dit de clarification au terme duquel il s’autoproclame président du RHM sous le prétexte fallacieux que nous ne voulions plus du RHM, nous l’aurions abandonné et lui n’a fait que le récupérer. La connivence entre le ministère de l’intérieur et Menga du fait de ce séquençage ne laisse planer aucun doute.
- Michel Menga s’est vanté d’avoir des élus nationaux et locaux, 6 députés et 72 conseillers municipaux et départementaux. Il aurait dû indiquer combien parmi eux a-t-il investi en dehors de lui-même et surtout quel soutien leur a-t-il apporté alors qu’il participait déjà à son aventure solitaire au Gouvernement sans l’accord des instances dirigeantes du RHM et en dépit de leur refus unanime de cautionner sa décision unilatérale de rallier le pouvoir d’Ali Bongo. D’ailleurs, en brandissant des menaces à l’encontre des élus qui ne le suivront pas, il s’est bien gardé de dire sur quelle ligne politique il leur demande de le rejoindre, hormis la préservation de leur mandat et de son maintien au Gouvernement.
La préservation d’un mandat électif et encore moins le maintien de Michel Menga au Gouvernement ne peuvent à eux seuls constituer une ligne politique. En effet, pour ces représentants des populations dans les assemblées nationale et locale, outre le fait d’avoir été élus sous la bannière du RHM, ils ont obtenu la confiance des populations sur la base d’un discours d’opposition à la politique du pouvoir en place. C’est cette position qu’ils défendent lors de leurs interventions dans ces différentes enceintes. En d’autres termes, le contrat qui les lie aux populations est fondé sur le refus de cautionner la gouvernance des dirigeants actuels au nombre desquels figure Michel Menga. Renoncer à cela, c’est d’une certaine façon trahir la confiance placée en eux par leurs différents électeurs. Certes, il semble qu’il n’y a plus de morale en politique dans notre pays, mais il faudrait au moins conserver un peu de dignité et affirmer les convictions pour lesquelles on se bat.
Mesdames et Messieurs,
Il est évident pour tout un chacun que toute cette agitation cache mal le fait que Michel Menga est en service commandé par le PDG pour déstabiliser, comme d’autres avant lui, le camp de l’opposition en général et une force politique résolument encrée dans l’opposition patriotique en particulier, laquelle opposition lutte inlassablement pour l’alternance et le changement dans notre pays.
Pour la petite histoire, nous croyions tous être partis du PDG pour marquer notre rupture avec le système et sa gestion calamiteuse du pays. Chemin faisant, nous nous apercevons que certains parmi nous l’avaient fait non pas par conviction mais pour marchander leur retour.
Michel Menga fait de la liquidation du RPM, émanation du RHM et de ses dirigeants, un fonds de commerce pour se maintenir au Gouvernement. Au lieu d’user de ce stratagème, il gagnerait à suivre l’appel lancé aux fils spirituels d’Omar Bongo pour faire son grand retour au PDG, comme cela est aujourd’hui de saison. Ceci aurait eu au moins l’avantage de la clarté.
L’histoire retiendra qu’il a choisi le camp des oppresseurs du peuple dans son élan schizophrénique à retourner dans sa famille politique initiale.
Michel Menga a porté préjudice à notre parti, il a trahi notre pacte commun, c’est lui qui nous a abandonné en entrant au gouvernement.
D’ailleurs, notre mutation de RHM en RPM, tenait plus dune volonté de nous défaire du mot HERITAGE que certains à conviction politique morte tentaient absolument à maintenir, voulant ainsi nous faire paraitre comme un parti satellite du PDG. Tel était à terme leur stratégie. Et l’actualité nous donne raison.
Tels sont Mesdames et Messieurs de la presse, les propos introductifs que nous tenions à prononcer à l’entame de notre rencontre. Nous sommes à présent à votre disposition pour répondre à vos questions.
Je vous remercie.