Les chimpanzés du parc national de Loango au Gabon, usent d’un drôle de cataplasme quand l’un des leurs se blesse. Ici, ni désinfectant ni pansement. Dès 2019, des chercheurs du projet Ozounga Chimpazee, (un projet de protection de l’environnement), ont filmé Suzee, une femelle adulte, scrutant une plaie ouverte sur le pied de Sia, son ado bagarreur. À la surprise générale, elle a alors capturé un insecte volant, l’a gobé, avant de le tamponner sur la blessure du bout des lèvres puis des doigts. Une opération renouvelée deux fois.
Depuis, les scientifiques ont observé le même rituel à dix-neuf reprises au sein du groupe de quarante-cinq chimpanzés qu’ils suivent. À chaque fois, les primates blessés, le plus souvent à la suite de rixes, se laissaient faire. Comme s’ils “comprenaient qu’avec cet insecte, leur plaie ira mieux” n’en revient toujours pas Simone Pika, biologiste à l’université d’Osnabrück en Allemagne et co-autrice d’une l’étude, publiée dans la revue Current Biology.
L’insecte, un volatile d’environ 5 mm que les chercheurs tentent toujours d’identifier, contient probablement une substance aux propriétés “anti-inflammatoires, voire apaisantes “ . Rien d’exotique. D’autres animaux, comme les ours, les éléphants, les étourneaux ou encore les papillons de nuit, ont recours à l’automédication. Le plus souvent en ingurgitant des plantes pour se purger.