Devant la cour spéciale militaire, Kelly Ondo Obiang s’est exprimé sur les raisons qui l’ont motivées à agir le 16 janvier 2019. Le lieutenant et président du Mouvement patriotique des jeunes des Forces de défense et de sécurité du Gabon (MPJFDS) a en effet fait des révélations très surprenantes durant son intervention à la barre.
« Le 24 octobre 2018, suite à l’accident vasculaire cérébral (AVC) du président Ali Bongo Ondimba, le pays se retrouvait dans une instabilité. Et à cette période, j’étais commandant par intérim de la compagnie d’honneur de la Garde Républicaine (GR). À ce titre j’assistais à toutes les réunions de l’Etat major. J’avais donc plusieurs informations, je suivais également toute l’actualité politique de mon pays avec la violation de l’article 13 de notre Constitution. Une guerre de clan était née à la Présidence de la République, dirigée par le Directeur de service de renseignement. Sur le plan sécuritaire, il avait la présence des mercenaires sur notre territoire et j’avais constaté un mouvement d’armes. Le Directeur de service de renseignements était devenu tout-puissant. Tout le monde avait désormais peur de lui. Fort de ma formation, j’ai donc tiré les conclusions que le frère du Président voulait prendre le pouvoir. J’ai pris la responsabilité de lancer une contre-attaque ».
Après avoir expliqué comment il a fait pour se procurer les armes nécessaires pour cette intervention, le jeune lieutenant de la Garde d’honneur de la Garde Républicaine est revenu sur un des personnages les plus en vue durant les événements du 16 janvier. A entendre le lieutenant Kelly Ondo Obiang, le lieutenant-Colonel et directeur général des services spéciaux (DGSS) au moment des faits Frédéric Bongo serait donc dans le coup ? Selon le présumé « putschiste », « Je n’ai jamais été arrêté sous un lit, ou dans une maison. Quand j’ai reçu les informations que le directeur du renseignement avait donné l’ordre que je ne dois pas sortir vivant de la RTG, je m’étais donc isolé à côté du transformateur de la RTG. Et de ma position, je voyais tous les faits et gestes des groupes d’intervention. J’avais toujours mon M16 et plusieurs chargeurs pleins. Je pouvais endommager l’hélicoptère qui survolait à basse altitude. C’est aux environs de 12h que je me suis dévoilé auprès d’un capitaine de la Police ».
Emmené à la Présidence de la République, dans une pièce isolé après son arrestation, Kelly Ondo parle « Il voulait que j’attribue la paternité de mon action à Brice Laccruche Alihanga et à la coalition de l’opposition. Il m’a même proposé des milliards et un voyage à l’étranger avec ma famille si j’acceptais de faire une fausse déclaration. Malgré les sévices, j’ai toujours dit que mon initiative est personnelle. Il m’a montré une seringue avec du sang à l’intérieur, il m’a dit que ce sang est contaminé du VIH et qu’il va m’inoculer si je ne parle pas. C’est ainsi que le Procureur de la République Olivier Nzaou a fait irruption dans la salle où j’étais torturé. Et il a dit aux gars que le monde entier sait qu’il a été arrêté vivant. C’est à ce moment que j’étais conduit au B2. Je rends grâce à Dieu si je suis encore vivant aujourd’hui, il a veillé sur moi ».
Des révélations ont été faites par le lieutenant d’honneur durant le procès où lui et ses complices comparaissaient à la barre. Ils ont été torturés d’après ce dernier et selon le relais fait par SOS Prisonniers Gabon. L’affaire a été renvoyée pour le jeudi 24 juin 2021, et il se peut que d’autres révélations soient faites par l’accusé Kelly Ondo Obiang.
John ENING