Les journalistes, animateurs et techniciens des média publics et privés se plaignent régulièrement des revenus qu’ils perçoivent chaque fin de mois et aussi des contrats léonins qui leur sont imposés et qui parfois ne tiennent pas compte du Smig au Gabon.
« Nous sommes des vedettes de la télé et de la radio, nous travaillons avec abnégation, les téléspectateurs et les auditeurs nous écoutent mais ils ne savent pas les difficultés que nous traversons : parfois certains ne sont même pas payés ». Ces propos d’un animateur d’une radio basée à Libreville, sont symptomatiques du malaise que vivent les acteurs des médias.
En effet, si certains d’entre eux sont des fonctionnaires, d’autres par contre qui ne bénéficient pas de cette qualité, ne sont pas traité à leur juste valeur.
Le journaliste et activiste Jonas Moulenda dénonçait dans une de ses vidéos, le traitement des agents de Gabon 24 un média publique basée au sein de la Présidence de la République et dont les agents perçoivent des salaires de misère.
Si Gabon 24 ne bénéficie pas d’un privilège de position, on imagine la pénitence dans d’autres médias. Les présentateur d’émissions télé et radio, vedettes des auditeurs et des téléspectateurs sont payés en monnaie de singe, « moi j’ai maximum 150 milles par mois, j’ai une émission une fois par semaine. Je vous le dis sans honte c’est comme ça ici » nous a confié un présentateur célèbre d’une chaine publique. Du côté des médias privés la situation est pire : « Moi je ne touche même pas 300 milles, je bosse tous les jours. Les auditeurs t’écoutent, pensent que tu es heureux quand tu souris mais… » nous a affirmé un animateur célèbre d’une radio privée très écoutée.
Il faut aussi ajouter que les animateurs et présentateurs d’émissions ne sont assurés nulle part, aucune cotisation sociale n’est versée en leur faveur. Ils sont obligés de « multiplier des petits boulots pour parvenir à joindre les deux bouts ».
« Quand tu arrives dans un média, on te dit de travailler. Tu animes une émission et pour te payer on te dit qu’il faut attendre qu’il y ait un sponsor. Ok, mais pourtant je travaille, ce que je fais profite à la chaîne, vu que je mobilise les auditeurs. Donc la radio gagne des audiences grâce à mon travail et moi je dois espérer qu’un potentiel sponsor vienne pour que je sois payé, c’est une injustice », Peste un ancien animateur.
Les chaines de radio et télévision au Gabon ont besoin d’être dirigées par des véritables managers pour en faire des médias modernes et puissants. Il est inadmissible qu’en 2021, les émissions ne puissent pas mobiliser des budgets capables de rémunérer décemment les acteurs qui l’animent. Les responsables des médias ne prennent pas en compte l’aspect communication de leur structure. Car la crédibilité d’un média passe nécessaire par le traitement infligé à ses icônes que sont les présentateurs et animateurs. « C’est eux qui servent d’interface entre le média et les auditeurs ou les téléspectateurs. S’ils sont mal vêtus, si on les voit à pied, s’ils ont du mal à bien vivre, c’est l’image de la radio ou de la télé qui est écornée. C’est pourquoi dans les médias sérieux, cette catégorie de personne gagne beaucoup d’argent » nous a confié un journaliste à la retraite.
Il faut espérer que les autorités compétentes se saisissent de cette question et regardent de très près les conditions de traitement de ces gabonais dont le talent, sous d’autres cieux, est mieux rémunéré.
Charles PALLEY