Coincé sans toilettes au volant de son taxi, de jour comme de nuit, Abraham est au bout du rouleau: “C’est encore pire avec la fermeture de certains endroits du centre ville à cause du Covid-19. Surtout qu’on est tout le temps assis nous!”. Le manque de toilettes est encore plus discriminant pour les femmes, souligne Eliane: “Quand on a nos règles on a besoin de se changer et c’est un peu l’enfer en fait”.
A Libreville, il est plus courant d’occuper les grands carrefours et les trottoirs par la présence des Forces de sécurité et de défense qui n’ont mieux à faire que l’extorsion des usagers. Les toilettes publics sont inexistants pourtant, les espaces pour les fabriquer, il n’en manque pas. De personnes prises par le besoin en urgence, défèquent dans les dépotoirs d’ordures qui jonchent les rues de la capitale et partout à l’air libre.
Autant de système qui aboutissent à la création de stocks de déchets non-évacués, devenant rapidement des réservoirs de microbes, à la portée de tous et des sources de contamination pour les cours d’eau environnant.
A l’occasion de la journée mondiale des toilettes, qui se tient les 19 novembre de chaque année, aucun média public n’ose en parler du manque crucial des latrines publiques dans le pays.
L’Etat gabonais est incapable de faire suivre le niveau d’investissement avec l’explosion de la population. D’où un constat qui n’incite guère à l’optimisme : si 9 personnes sur 10 déféquant à l’air libre vivent aujourd’hui en zone rurale, le nombre de personnes dans le même cas ne cesse d’augmenter dans les périphéries urbaines.